Frédéric Wilner retrace l’histoire tumultueuse du musée parisien et de ses fabuleuses collections, reflet du destin de la France et de l’Europe, au travers de gros plans sur des oeuvres iconiques.
Au commencement était La Joconde : la star du Louvre a rejoint les collections royales sous François Ier, il y a cinq siècles, avec deux autres chefs-d’œuvre de Léonard de Vinci, le Saint Jean-Baptiste et la Sainte Anne. Étoffées au fil des siècles, en particulier par Louis XIV, qui en a fait un instrument au service de son rayonnement, les collections royales sont nationalisées par les révolutionnaires et présentées au Museum central des arts, inauguré en 1793 dans le palais du Louvre. Tandis que les tombeaux des rois sont démantelés, et que de nombreuses pièces du trésor de la basilique Saint-Denis sont fondues pour financer les guerres révolutionnaires, l’épée de Charlemagne, réchappée de la Terreur, trouve refuge dans le nouveau musée, tout comme les statues médiévales de Charles V et Jeanne de Bourbon, néanmoins amputées de leurs attributs régaliens. Des Noces de Cana de Véronèse aux marbres antiques du Vatican en passant par le Saint François d’Assise recevant les stigmates du primitif Giotto, les conquêtes territoriales de la République puis de l’Empire donnent lieu à la saisie d’innombrables chefs-d’œuvre étrangers. Lesquels alimentent, sous la supervision de Dominique Vivant Denon, l’institution rebaptisée musée Napoléon. À la chute de ce dernier, la collection Borghèse (avec son Gladiateur Borghèse), que l’empereur déchu a achetée au mari de sa sœur Pauline, comble le vide laissé par les milliers d’œuvres reparties dans leurs pays d’origine. Le comte Forbin repeuple parallèlement les galeries en acquérant la production d’artistes vivants (tel Delacroix et sa Liberté guidant le peuple), exposés au palais du Luxembourg, premier musée d’art contemporain au monde, avant d’entrer au Louvre après leur mort. Dans un contexte de compétition entre grands musées européens, Paris part aussi sur les traces de civilisations anciennes, grecque, égyptienne et assyrienne, et en rapporte, entre autres, l’iconique Vénus de Milo, le colossal Sphinx de Tanis ou encore les magnifiques “taureaux de Khorsabad”.
Vocation universelle
Comment le Louvre est-il devenu le musée universel le plus grand et le plus fréquenté au monde ? Avec le concours de spécialistes – historiens, conservateurs, mais aussi Jean-Luc Martinez, prédécesseur de Laurence des Cars à la tête de l’établissement –, Frédéric Wilner (Léonard de Vinci – Le chef-d’œuvre redécouvert) passe en revue les étapes successives de la constitution de ses éblouissantes collections, en se penchant sur la passionnante trajectoire d’œuvres mythiques, fondatrices, qui racontent en filigrane l’histoire de la France et celle de l’Europe.